Historique
06/03/2014 17:58
1909-1932 :
En 1909 est créée en France la Compagnie générale transaérienne, première entreprise commerciale constituée dans le but de transporter des passagers à bord de dirigeables et d’hydravions. À la fin de la Première Guerre mondiale, les avions et pilotes militaires constituent un immense vivier pour les compagnies aériennes qui se multiplient lors des Années folles. Les décrets du 6 juin 1919 et du 17 septembre 1919 créent un organisme de coordination technique générale de l’aéronautique chargé des questions intéressant l’aviation civile et militaire tandis qu'un décret du 19 janvier 1920 crée un sous-secrétariat d’état à l’aéronautique, placé auprès du ministre des Travaux publics.
C'est dans ce contexte de développement de l'aviation civile que la Société des Lignes Latécoère (future Aéropostale) ouvre ses voies commerciales vers l'Afrique du Nord puis de l'Ouest, la CIDNA dessert l'Europe centrale, Air Union (dans laquelle s'est regroupée la Compagnie générale transaérienne) et les lignes Farman desservent l'Europe occidentale, Air Orient étend son réseau vers la Méditerranée et l'Extrême-Orient.
Le confort à bord des avions — souvent d’anciens bombardiers reconvertis — est alors inexistant (cabine exposée aux turbulences, quelques passagers assis sur des sièges en osier ou en rotin non fixés, odeur d'huile de ricin des petits biplans à hélice non pressurisés et non climatisés, d'où un froid et un bruit épouvantables) et seule une clientèle aisée (milliardaires, ministres, artistes) peut y accéder. En 1920, onze compagnies exploitent une dizaine de lignes et ces compagnies transportent 6 786 passagers en 1922.
À la fin des années 1920, alors que la plupart des pays se sont déjà dotés de grandes compagnies nationales (KLM en 1919, Qantas en 1920, Delta Air Lines et Imperial Airways en 1924, Lufthansa, United Airlines et Pan Am en 1926, American Airlines en 1930), le marché aéronautique français reste atomisé et fragilisé par la Grande Dépression. L'État, afin de garder son prestige dans l'aéronautique et d'assurer son potentiel d'avions de guerre, subventionne depuis 1932 largement mais inégalement les compagnies françaises pas assez rentables6.
1933-1940
La « crevette ».
Dans ce contexte économique, le Parlement français vote une loi de fusion des 4 compagnies principales du transport aérien français, Max Hymans étant rapporteur du budget de l'Air à la Chambre, et Pierre Cot ministre de l'Air du premier gouvernement d'Édouard Daladier7. Les quatre compagnies fusionnées (Air Orient, Air Union, la CIDNA — ex-Franco-Roumaine — et les lignes Farman) forment le 19 mai 1933 la SCELA, Société centrale pour l'exploitation des lignes aériennes. Le 31 mai 1933, la SCELA rachète les actifs de l'Aéropostale (du banquier Marcel Bouilloux-Lafont) qui était absente de la fusion à l'origine car elle était en dépôt de bilan depuis 19318. C'est au cours d'une conférence de presse annonçant cette fusion que le journaliste Georges Raffalovitch, doyen dans le monde de la presse aéronautique, propose de baptiser9 la nouvelle compagnie Air France10.
Le 17 août, un acte notarié finalise la convention de fusion. Le 30 août, les statuts d’Air France sont officiellement déposés au tribunal du greffe de commerce et sa création est sanctionnée par une assemblée générale constitutive. La nouvelle compagnie est une société d'économie mixte au capital de 120 millions de francs dans laquelle l’État détient au moins 25 % des actions et est représenté au conseil d’administration dans les mêmes proportions.
Le 7 octobre 193312, une cérémonie au Bourget consacre la nouvelle compagnie que préside Ernest Roume, ancien président d'Air Orient, et auparavant gouverneur général de l'Indochine et de l'Afrique-Occidentale française. Cette cérémonie officielle marque solennellement l'avénement d'Air France. Elle adopte comme symbole celui d'Air Orient : un protomé de cheval ailé à queue de dragon (la tête de cheval symbolisant la puissance, la queue de poisson rappelant l'hydravion et les ailes d'oiseau symbolisant la vitesse), plus simplement appelé hippocampe ailé (dépôt international de la marque le 3 décembre 1934) et affectueusement surnommé la « crevette » par le personnel.
Air France dispose alors d'une flotte hétérogène de 259 appareils, répartis en 219 avions, 35 hydravions, 5 amphibies14. Elle transporte près de 52 000 passagers en 1933, plus de 100 000 passagers en 1938. Elle dispose du troisième réseau mondial15,16.
1940-1945 :
Après l'Armistice de mai 1940, Air France est placée sous la tutelle de l'État français. Son siège est transféré en zone libre, à Marseille, choisie en raison de sa proximité de l'importante base d'hydravions sur l'étang de Berre. Tout service avec l'étranger est alors interrompu. En 1941, Air France prend le contrôle d'Air Bleu, d'Air Afrique et d'Air France Transatlantique17. Après l'invasion de la zone libre en novembre 1942, toutes les liaisons vers l'Afrique sont suspendues.
En Afrique du nord et en Afrique noire, la compagnie continue son activité, sous l'autorité de sa direction locale située à Alger. Après l'arrivée du général de Gaulle, elle est dissoute et remplacée, le 30 juin 1943, par les Réseaux aériens militaires français (RAMF), sous la direction de Lionel de Marmier. Le 1er juillet 1944, elle prend le nom de Transports aériens militaires (TAM). Enfin, le 9 août 1944, elle est réunifiée lors de sa réquisition, en vertu de divers textes sur la militarisation de l'aéronautique civile en temps de guerre.
1945-1960 :
Le 26 juin 1945 au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l’Aviation civile française est nationalisée et Air France devient propriété de l’État. En avril 1946, Air France lance son premier recrutement de « maîtresses de maisons volantes », autrement dit les hôtesses de l'air20. Le 1er juillet 1946, la liaison Paris-New York est officiellement inaugurée avec un DC-4 en moins de 20 heures.
En 1953, Air France se modernise en introduisant le quadrimoteur Lockheed Constellation dans sa flotte pour les vols transatlantiques qui durent alors 15 heures. Air Inter est fondée le 12 novembre 1954 avec comme principaux actionnaires Air France (24%), la SNCF (24%), et la Caisse des dépôts et consignations (4%)21. L'aérogare Sud de Paris-Orly est ouverte en 1957, le Bourget étant saturé. Au début des années 1960, Air France met en service les nouveaux avions à réaction de l'époque, la Caravelle et le Boeing 707, réduisant ainsi de moitié les temps de vol et améliorant le confort des passagers.
Ancien logo de la compagnie (1970-2009)
1960-1973 :
Le 23 février 1960 le Ministère des Travaux Publics et Transports transfère le monopole des liaisons intérieures d'Air France à Air Inter. En compensation Air France reçoit une participation dans Air Inter. Le jour suivant, Air France reçoit par instruction ministérielle l'ordre de partager ses liaisons africaines avec les compagnies UAT et Air Afrique. Le 1er février 1963, le Gouvernement décrète une nouvelle répartition des liaisons africaines et de certaines autres liaisons vers les territoires d'outre-mer entre Air France et ses concurrents, en favorisant la fusion d'anciens opérateurs privés dont UAT dans la nouvelle compagnie privée UTA. Air France devient plus tard un des premiers opérateurs du jumbo quadri-réacteurs long-courrier Boeing 747 (à deux ponts) et en aura une des plus grosses flottes au monde.
1974-1999 :
Boeing 747 F-GITF Air France.
En 1974, elle s'installe à la nouvelle aérogare de Roissy, introduisant les avions gros-porteurs à sa flotte soit l'Airbus A300 et le Boeing 747. Le 21 janvier 1976, premier vol commercial du Concorde entre Paris, Dakar et Rio de Janeiro, puis Washington et Caracas. Le 12 janvier 1990, l'État achète au groupe Chargeurs SA de Jérôme Seydoux la quasi-totalité du capital de la compagnie privée UTA qui se trouve de fait nationalisée. Les compagnies aériennes appartenant au gouvernement français, c'est-à-dire Air France, Air Inter, Air Charter et UTA sont réunies au sein du Groupe Air France mais conservent provisoirement leur autonomie. Une nouvelle compagnie, Groupe Air France, est créée par décret le 25 juillet 1994, qui entra en vigueur le 1er septembre suivant. Cette société détenait la majorité des parts du capital d’Air France et d'Air Inter rebaptisée Air France Europe. Le 10 février 1999, la compagnie Air France fait l'objet d'une privatisation partielle et prend la dénomination de Société Air France.
2000-2009 :
Aérogare des Invalides, 7e arrondissement, Paris.
En 2000, les avions et personnels de La Société d'Exploitation Aéropostale (L'Aéropostale ou SEA) créés en 1991 en partenariat avec le groupe La Poste, sont également intégrés au Groupe Air France.
Le 22 juin 2000, Air France s'allie avec les compagnies aériennes Delta Air Lines, Aeroméxico et Korean Air pour former l'alliance de compagnies aériennes SkyTeam.
Le 31 mai 2003, Air France retire ses cinq derniers Concorde de sa flotte après 27 ans d'exploitation.
Le 10 juillet 2003, l'assemblée des actionnaires d'Air France entérine la privatisation totale de la compagnie aérienne23, privatisation effective le 6 mai 2004.
Le 5 avril 2004, Air France lance une offre publique d'échange sur les actions de KLM, ce qui aboutit à la fusion des deux sociétés le 19 avril 2004 en Air France-KLM22 qui devient à cette époque la première compagnie mondiale en termes de chiffre d'affaires, la troisième pour le nombre de passagers transportés (66 millions pour 550 avions exploités en 2003)16. Le groupe qu’Air France forme désormais avec KLM fait d’elle une société privatisée même si l'État français détient encore des parts importantes au sein du capital.
Le 30 octobre 2009, Air France-KLM a reçu son premier Airbus A38025 et le 20 novembre, la compagnie a effectué le vol inaugural de l'A380 entre Paris et New York avec 538 passagers à bord.
L'histoire d'Air France se confond désormais avec celle d'Air France-KLM.